une nuit au musée

Avez-vous déjà rêvé de passer une nuit dans un musée ? D’arpenter les moindres recoins d’histoire, de poussière et de vieux ossements que peut contenir un tel bâtiment ? C’est en tous cas le rêve de Charlie à cette heure précise. Elle s’était levée ce matin, assez tard, comme à son habitude, avec une idée bien étrange dans la tête. Celle de passer la nuit dans ce lieu magique pour elle, entourée de vieilleries dépoussiérées tous les jours à la même heure. Parfois, elle avait envie de prendre place derrière les grandes vitres de verre, et de poser, tel un mannequin de cire, dans une position prédéfinie par son créateur. Elle avait envie de faire rêver les gens en montrant des personnages célèbres s’animer, un peu comme dans le film Une nuit au musée. Il est vrai qu’elle regarde sans doute trop la télévision, mais passons.

Elle déambula tout au long de la journée dans les rues de Genève sans but précis, juste pour passer le temps. Elle avait dans l’idée de s’introduire une demi-heure avant la fermeture dans le musée afin d’y passer la nuit. Elle avait en tête tout ce qu’elle pourrait faire pour éviter les vigiles ; la seule chose qui la tracassait vraiment, c’était les caméras de surveillance. Quoi qu’il arrive, elle allait forcément être aperçue sur l’une d’elles. Elle soupirait tout en se cassant la tête pour trouver une solution.


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Avance rapide

Il était vingt-heures moins vingt environs. Elle venait d’entrer dans le bâtiment tant convoité, et se dirigeait vers les escaliers les plus proches. Elle les monta lentement, regardant attentivement tous les recoins, laissant sa main droite glisser au rythme de ses pas sur la rambarde. Charlie écoutait le bruit rassurant qui régnait dans l’endroit, laissant un léger sourire se peindre sur ses lèvresElle arpenta les salles assez vite, se cherchant un coin tranquille ; la salle gardant les petits soldats de plomb. Seules quelques personnes étaient présentes, il régnait donc un calme apaisant. La jeune femme s’installa sur un des bancs présents, fermant les yeux.

Elle se demanda un long moment si elle allait vraiment dormir dans le musée. Enfin, dormir n’est qu’une façon de parler. Comment pourrait-elle dormir dans un lieu si magique ? Elle s’imaginait plutôt danser au milieu des squelettes de dinosaures, ou parler avec une tribu indienne. Elle ouvrit les yeux, regardant les personnes présentes. Elles semblaient calmes, elles aussi. Mais il faut se méfier des apparences, comme on dit. Elle s’étira légèrement, se levant avant d’aller à côté d’une des trois personnes présentes. Elle regarda les petits soldats de plomb qui leur faisaient face, s’avançant vers la vitre légèrement, comme pour mieux voir.

Charlie ▬ « Vous n’avez jamais rêvé de passer une nuit dans un musée ? »

Elle resta un moment dans la même position en regardant les moindres détails des figurines, avant de regarder son interlocuteur, lui souriant aimablement, priant pour que ce ne soit pas un gardien s’étant déguisé pour piéger les gens comme elle. Ce serait vraiment trop vicieux et tordu pour elle.

une nuit au musée

La jeune femme se retourna vivement, pour faire face à son interlocutrice. Au vu de son uniforme, elle était dans la police. Génial. Franchement, génial. Bordel de merde… pensa-t-elle. Comment allait-elle se tirer de cette situation délicate ? Elle se mordit l’intérieur de la joue, en espérant que son anxiété ne se remarque pas. Elle se demandant ce qu’il convenait le mieux pour elle. Charlie se voyait mal lui répondre « Non non, je ne suis pas perdue. Je voulais simplement dormir dans le musée, c’est tout. » Elle décida donc de prendre la perche que la jeune policière lui avait tendue.

Charlie ▬ « Oh, je suis désolée. Je n’avais pas remarqué que le musée avait fermé… Que voulez-vous, quand on est passionné de… de petits soldats, on ne voit pas le temps filer. »

Elle enfuit sa main dans ses cheveux d’un air légèrement gêné. Décidément, elle devrait encore attendre un peu avant de pouvoir dormir ici… En plus, la sécurité allait certainement être plus active à dater d’aujourd’hui.J’ai vraiment tout gagné…

Charlie ▬ « Je dois vous suivre où, exactement ? Je veux dire, cela ne me gêne pas le moins du monde, mais je n’en vois pas l’utilité. »

Elle observa ensuite les deux hommes qui la suivaient, avant de sourire, légèrement moqueuse.

Charlie ▬ « Vous croyez que je suis si dangereuse que ça pour avoir amené deux autres flics ? »

Elle avait sans doute une nouvelle fois parlé sans réfléchir. D’ailleurs, elle allait certainement le regretter assez vite… Tant pis. Il fallait bien assumer ses erreurs. Même si l’envie de fuir comme une lâche la prenait de plus en plus.

une nuit au musée

Réfléchis, Charlie. Ne fais pas n’importe quoi. Elle suivit la représentante de l’autorité sans broncher, essayant de voir autour d’elle, malgré l’obscurité qui laissait peine à croire ses dires. Elle se demandait si elle allait continuer son petit manège bien longtemps. Après tout, à vingt-cinq ans, ce n’est pas vraiment le genre d’attitude à adopter. De plus, la jeune femme qui l’avait ordonné de la suivre n’avait vraiment pas l’air d’humeur à la plaisanterie. Autant ne pas s’enfoncer.

Charlie ▬ « Un seul voleur nécessite trois personnes ? »

La jeune délinquante s’assit bien sagement, attendant les questions de son interlocutrice. Tout en l’écoutant, elle se demandait s’il valait mieux dire la vérité, ou un pseudo mensonge. Sans doute la vérité. Cependant, ce soir, elle était d’humeur taquine. Elle venait de se fixer un but, percer le visage de marbre qu’affichait la jeune policière, et laisser apparaître une trace de sourire.

Charlie ▬ « Bien. Nom : Dubley. Prénom : Charlie. Comme Charlie et la Chocolaterie, oui. Âge, vingt-cinq ans. Lieu de résidence : petit appartement dans le centre-ville. »

Elle s’étira longuement, se sentant plutôt à son aise dans le royaume des agents de sécurités. Elle observa les écrans montrant des lieux sans vie à l’intérieur du musée. Elle fixait chaque écran, à la fois pour voir ce qui pourrait lui servir pour plus tard, ainsi que pour faire une nouvelle visite.

Charlie ▬ « Vous ne trouvez pas ce lieu magique ? Comme si… Quelque chose émanait des mannequins et des fausses plantes. Non ? Jamais ? »

Elle avait détourné le regard des écrans pour le poser sur l’agent de police. Charlie espérait qu’elle allait se dérider au moins un minimum. Après tout, il se faisait tard, et la fatigue allait commencer à se faire ressentir.

une nuit au musée

Elle avait parfaitement raison d’être vigilante ainsi. Charlie n’a pas le sens du « bon » et du « mauvais ». Elle ne pense jamais que certaines personnes peuvent vouloir du mal à d’autres. On lui dit, d’ailleurs, qu’elle est trop optimiste, surtout dans le monde où nous vivons, entourés de gangs et de violence.

Charlie s’interrogeait sur la réaction de la brunette. Elle se demandait ce qui se passait dans la tête de la policière pour finalement s’arrêter ainsi. Elle crut même distinguer une légère émotion sur son visage… Avait-elle réussi son pari ? Ce n’était certes pas l’émotion qu’elle voulait suciter, mais c’était tout de même mieux que rien du tout.

Lal ▬ « Non, jamais. Suivez-moi maintenant.
Charlie ▬ C’est bien dommage. »

Tout en la suivant, Charlie observait les lieux. Soudain, elle s’arrêta devant une scène, prisonnière d’une vitre de verre. Elle s’en approcha prudemment sans se soucier de l’ordre que lui avait donné la jeune femme plus tôt. Charlie était comme subjuguée par la scène qui se tenait devant elle : les reproductions des animaux qui n’existaient désormais plus. Un mammouth avec son bébé ; un peu plus loin, elle pouvait apercevoir deux tigres à dents de sabre. Un peu plus, et elle se serait cru sur le tournage de L’Âge de Glace.

Charlie ▬ « Venez voir ! Vous avez déjà vu ça ? »

Elle se recula légèrement, émerveillée par le tableau qui s’offrait à elle. Elle avait presque l’impression qu’ils étaient encore vivants.

Charlie ▬ « On dirait presque qu’ils sont vivants… C’est impressionnant. »

une nuit au musée

Charlie regarda un moment son interlocutrice. Elle avait envie d’en savoir un peu plus sur cette fameuse personne qui donnait vie aux tableaux. D’un autre côté, elle craignait de la réaction de la jeune femme. Elle passa sa main dans les cheveux pour les mettre légèrement en arrière, geste montrant quelque peu sa gêne.

Charlie ▬ « Je vous suis. »

Alors, de nouveau, elle emboita le pas de la policière, restant cette fois-ci bien derrière elle, ne s’autorisant aucun détour. Une fois qu’elles furent près de la porte où Charlie devait sortir afin de rentrer chez elle, celle-ci se tourna vers la femme qui l’avait raccompagnée jusqu’ici.

Charlie ▬ « Je suis désolée de vous avoir causé tant de soucis. Je visitais simplement le musée. »

Elle marqua une pause, hésitant à continuer, pesant le pour et le contre. Après tout, elle ne pouvait pas la mettre en garde à vue sous prétexte qu’elle avait posé une question, si ?

Charlie ▬ « Que s’est-il passé avec cette personne qui donnait vie aux œuvres ? Enfin, sans vouloir être indiscrète, évidemment… »

C’était une femme bien curieuse qui s’était introduite dans ce musée. Elle ferait mieux, parfois, d’apprendre à se taire. Simplement, quand quelque chose pousse les mots du fond de votre gorge jusqu’à sortir de votre bouche, vous ne pouvez pas faire grand-chose.